Par Ngoyo Moussavou

Le sixième sommet Union européenne/Union africaine s'est réuni du 17 au 18 février 2022 à Bruxelles, pour jeter les bases d'une nouvelle alliance entre les pays africains et l'Europe, notamment après les soubresauts récents entrainés par le désengagement tumultueux de la France et des Européens au Mali. Après une succession de coups d'Etat au Mali, en Guinée, au Burkina-Faso, et celui, manqué, en Guinée-Bissau, les démocraties africaines apparaissent en effet de plus en plus fragiles face notamment au péril djihadiste qui s'étend désormais vers les pays côtiers de l'Atlantique.

Une redéfinition de l'alliance Europe-Afrique pour affronter les défis communs s'impose, selon le Président sénégalais Macky Sall, également président en exercice de l’UA, « pour des partenariats consensuels et mutuellement bénéfiques, sans injonction civilisationnelle, sans exclusion ni exclusivité. » Les dirigeants africains attendent de ce sommet que la France continue à jouer son rôle pour « tenir en joue » les groupes armés qui dévastent le Sahel, terrorisent les populations civiles, tout en ménageant les susceptibilités parfois explosives d'une population africaine qui conteste de plus en plus la présence occidentale, singulièrement hexagonale. C'est à ce prix qu'un redéploiement de l'armée française dans d’autres pays de la région pourra réussir.

Le Président Ali Bongo Ondimba a marqué personnellement ce sommet de sa présence, en participant notamment à différentes tables rondes et en trouvant le temps de s’entretenir avec certaines personnalités présentes à l’instar de l’ancien Premier ministre britannique Tony Blair et Mme Ursula von der Leyen, Présidente de la Commission de l’Union européenne. À propos du changement climatique, il a réaffirmé son engagement pour une meilleure protection de l'environnement en annonçant des mesures concrètes telles que la construction d'une centrale solaire à Mouila, ainsi que celle de huit centrales solaires hybrides dans des communes isolées du nord-ouest du pays. Il a fixé un objectif de 100% d'énergie propre à l'horizon 2030 dont 80% d'hydroélectricité. Son objectif est clairement d'éliminer l'énergie produite à partir de combustibles fossiles pour lutter contre les changements climatiques, son dada.

Lors de la table ronde sur la formation et la migration, il a souligné l'importance de satisfaire les besoins de formation d'une jeunesse qui doit trouver sur place en Afrique un emploi dignement rémunéré pour ne pas être tentée de partir en Europe. Dans cette optique, il a signalé la première place accordée désormais au Gabon à la formation professionnelle et à l'apprentissage et non plus aux filières généralistes qui dominaient autrefois. La finalité étant de permettre aux jeunes de trouver un emploi à l'issue de leur formation.

Ce 6ème sommet euro-africain placé devant des échéances brûlantes et des impératifs d'urgence, aura donc permis des réflexions approfondies sur des solutions innovantes pour relancer la coopération Afrique-Europe et instaurer une nouvelle donne porteuse de succès, si elle est correctement appliquée.